/ El establo de Pegaso: Georges Brassens

sábado, 2 de abril de 2011

Georges Brassens

Mourir pour des idées





Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
Or, s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

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Morir por las ideas, es una idea excelente.
Por no haberla tenido, estuve a punto de morir,
pues los que la tenían, en multitud ardiente
con sus gritos de muerte cayeron sobre mí.
Y ahora que la tengo mi musa insolente,
abjura de su error, se une a ellos al fin
no sin darle al asunto un cierto retintín:
Muramos por ideas,
mas de muerte lenta
de muerte lenta.

Gocemos, ya que no hay peligro en el retraso,
del viaje por las curvas del camino a seguir;
que podemos morir, si forzamos el paso,
por una idea absurda, vacía y baladí.
Y al dar el alma a Dios es triste darse cuenta
en medio de amargura y de desolación
que equivocamos rumbo, camino y convicción.
Muramos por ideas,
mas de muerte lenta.

Los santos pico de oro que el martirio predican
siempre se quedan un largo tiempo por aquí.
"Morir por las ideas": decirlo por si pican
es su medio de vida,
su razón de vivir.
Siempre que de los años
que viven hago cuenta
en largas vidas ganan al buen Matusalén;
para mí que se dicen, en cuanto no los ven:
"Muramos por ideas,
mas de muerte lenta
de muerte lenta".

Reclaman las ideas el santo sacrificio;
sectas de todo tipo se ofrecen por igual.
Mas cabe preguntar a las víctimas de oficio:
morir por las ideas,
vale, pero ¿por cuál?
Con su bandera cada idea se presenta
y el sabio ante la tumba, cuando las ve llegar,
da vueltas mientras piensa, duda y vuelve a pensar:
muramos por ideas,
mas de muerte lenta
de muerte lenta.

Si fuesen hecatombes medidas apropiadas
para ponerlo todo en vías de arreglar,
después de tantos muertos
y cabezas cortadas
en pleno paraíso tendríamos que estar.
Pero la edad de oro se pierde en las calendas,
los dioses no se sacian y siempre tienen sed.
Es la muerte, la muerte; es una y otra vez.
Muramos por ideas,
mas de muerte lenta
de muerte lenta.

Místicos visionarios, apóstoles fogosos,
morid pues los primeros: yo ya me iré detrás.
Pero dejad ¡carajo!
que vivamos nosotros,
el lujo que tenemos es la vida, no hay más.
Pues la Guadañadora ya nos vigila atenta
guadaña no hay que darle ni provocar su ardor.
¡No a la danza macabra del hoyo alrededor!
Muramos por ideas,
mas de muerte lenta
de muerte lenta.

Georges Brassens (1921–1981). Fuente de la traducción

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